Anecdotes et Légendes

La rumeur publique fait courir de nombreuses légendes à propos du Lion, toutes plus fausses les unes que les autres. L’une d’entre elles fait croire que le monument est creux et qu’il est accessible de l’intérieur. Cette confusion trouve son origine dans La Liberté éclairant le monde qui trône à l’entrée du port de New York, autre statue colossale que Bartholdi mène de front avec l’œuvre belfortaine.

 

Une autre, encore plus tenace, fait croire au suicide de Bartholdi après s’être aperçu que la langue de l’animal avait été oubliée (l’attitude paisible du fauve ne nécessite pas de faire apparaître ce détail anatomique).

 

Bartholdi est décédé de mort naturelle en 1904, dans son appartement de la rue d’Assas, à Paris !

 

(Texte Christophe Cousin, ancien directeur des musées de Belfort)

D’autres rumeurs toutes aussi fausses, circulent autour du Lion :

- Il serait construit en briques.

- A l’intérieur, un dispositif permettrait de le faire rentrer dans la falaise, voire d’animer sa queue.

- Il serait capable de rugir. 

 

(Source Belfort Tourisme)

Ingratitude

Les Belfortains montrent beaucoup d'ingratitude envers Bartholdi qui, pourtant, accepte de concevoir le monument sans aucune rétribution. En 1880, le Maire, Monsieur Parisot, pris de remords, décide d'offrir à l'artiste une médaille d'or aux Armes de la Ville frappées à la monnaie de Paris. Malheureusement, en avril 1882, le nouveau Conseil Municipal fait différer la frappe de cette médaille et demande à ce que l'affaire soit portée devant les tribunaux. La fameuse médaille ne sera jamais frappée.

 

(Source Belfort Tourisme)

Inauguration

Du vivant du sculpteur, le lion n’a jamais été inauguré officiellement, ceci semble-t-il à cause de querelles politiques au sein de la Municipalité. C’est Bartholdi qui illumine son œuvre au soir du 28 août 1880 avec des feux de bengale. Ainsi, naît dans les difficultés et l’ingratitude une œuvre qui allait devenir le symbole et l’image de marque de toute une ville.

 

(Source Belfort Tourisme)

Belfort, villes des trois sièges

Au XIXème siècle, Belfort avait la réputation d'être une cité imprenable. Les trois longs sièges qu'a subit la ville n'ont fait que confirmer cette idée : ce n'est en effet pas la défaite qui a marqué les esprits, mais la capacité de résistance des belfortains (113 jours en 1814, 15 jours en 1815 et 103 jours en 1870-1871). Le Lion rend hommage à l'invulnérabilité de la ville, le Monument des Trois Sièges aux officiers qui défendirent Belfort. Le Monument des Trois Sièges est considéré comme la dernière œuvre de Bartholdi. Celui-ci ne réalisa en effet que la maquette avant de mourir, la sculpture fut terminée par ses élèves. Elle représente Legrand, Lecourbe et Denfert-Rochereau, les trois officiers défenseurs de la ville, qui entourent un groupe de 4 personnages. Ceux-ci représentent la France (personnage portant un coq) soutenant la ville de Belfort (l'épée à la main), un jeune combattant et une petite alsacienne

Anecdote sur le monument des Trois Sièges

Toute l'histoire de Belfort - ou presque - est résumée dans cette œuvre. Initialement prévue à la gloire de Denfert-Rochereau, Auguste Bartholdi propose d'honorer les trois héros des trois sièges de la ville. Le motif central symbolise la France et Belfort reposant sur trois assises de pierres en grès rouge provenant des anciennes fortifications de Vauban.

 

Les trois bronzes représentent:

Le Commandant Legrand (1759-1824)

Le Général Lecourbe (1759-1815)

Le Colonel Denfert-Rochereau (1823-1878)

 

Les Belfortains, eux, rendent hommage avec humour à ces officiers, en appelant la place de la République sur laquelle est installé le monument la place des trois menteurs. Pas par esprit de contradiction ou de revendication, d'ailleurs, mais par simple esprit de logique humoristique. Ainsi Lecourbe, des trois officiers, est celui qui se tient le plus droit. Legrand, vous l'aurez compris est le plus petit. Alors Denfert ? Et bien Denfert, lui, est en bronze, et heureusement d'ailleurs, car sa statue n'aurait jamais pu traverser le temps.

Le colonel Denfert-Rochereau refuse les honneurs militaires

Le 18 février 1871, à onze heures, le colonel Denfert-Rochereau quitte Belfort avec ses hommes refusant les « Honneurs de la Guerre » qu’on ne rend qu’aux vaincus. Les défenseurs de Belfort ne le sont pas. Ils évacuent sur ordre, une place qu’ils pouvaient tenir encore, deux mois au moins, de l’avis même des experts prussiens.

Le « fusillé souriant »

Jean Blind est décédé à l’âge de 86 ans. ancien déporté, il était le fils de Georges Blind, le « fusillé souriant », victime d’un simulacre d’exécution en octobre 1944 dans les fossés du château de Belfort, scène immortalisée par une photo mondialement connue.

On sait aujourd’hui, grâce à l’enquête menée par Christophe Grudler, que "le fusillé souriant", Georges Blind est mort non pas devant le peloton d’exécution de Belfort où fut prise la photo, mais à Auschwitz où il fut déporté en octobre 1944. Pourquoi se trouvait-il là, souriant face à un peloton d’exécution, avant de mourir en déportation ? Pourquoi ce cliché est-il si longtemps resté une énigme ?

 

Christophe Grudler a consacré un petit recueil à cette Histoire (Le Fusillé souriant, histoire d’une photo).

 

+ d'infos

La délimitation de Belfort

Le rayon du territoire a rétrocédé à la France autour de Belfort fut l’objet d’interprétations diverses, au sein de la Commission internationale de Bruxelles en charge d’exécuter le tracé de la nouvelle frontière. Au début, les commissaires allemands ne craignirent pas d’avancer que ce rayon n’était autre que celui des servitudes militaires de la place, comme ayant une étendue de 360 mètres à mesurer à partir du pied des fortifications. Mais à Bruxelles, d'âpres discussions firent éclater le ridicule de cette prétention. Le vainqueur l'abandonna enfin, et admit de reporter les frontières à 7 ou 8 kilomètres au nord et à l'est de Belfort, au choix de la France. Or, l'ancien ingénieur des Ponts-et-Chaussées de l'arrondissement de Belfort, M. Gustave Renault (nommé membre de la commission spéciale sur intervention pressante d'Émile Keller) fit judicieusement remarquer que la ligne de partage des eaux (du Rhin et du Rhône) qui passe au seuil de Valdieu, coïncide exactement avec la limite linguistique (d'un côté on parle le dialecte alsacien, de l'autre le français). Finalement, au terme de pénibles marchandages, les vainqueurs acceptèrent de reporter la frontière jusqu'à la ligne des Vosges et à la limite linguistique du Haut-Rhin distante en moyenne de 16 à 17 kilomètres des fortifications de Belfort, en échange de 12 villages lorrains de la Moselle, situés le long de la frontière luxembourgeoise.

 

Sources : Revue des Deux Mondes (tome 29 - 1905) - Général Bourelly

Belfort et son territoire - 20 siècles et 103 jours d’histoire - André Monnier