Vauban

(Texte André Larger)

Sous le signe de Vauban

La fin du Moyen Age est pour Belfort, avant-poste autrichien face à la Franche-Comté et à la France, une période agitée. On ne compte plus les chevauchées qui déferlent devant ses murailles, lors des épisodes de la Guerre de Cent ans qui ravage le royaume de France : Enguerrand de Coucy et ses "Anglais" en 1375/1376, les routiers armagnacs en 1439 ou en 1444/1445, sans compter de nombreuses guerres locales. En 1469, la ville passe sous l'obédience de Charles le Téméraire, pour une courte période puisque dès juillet 1474 elle rentre à nouveau dans le giron de l'Autriche.

Pour des raisons financières, les archiducs d'Autriche engagent ensuite la terre de Belfort à une puissante famille noble, les barons de Morimont qui, durant six générations vont y exercer le pouvoir seigneurial (1450-1563).

 

De retour en 1563 dans le domaine des Habsbourg, Belfort connaît une période de prospérité à laquelle met fin la guerre de Trente Ans. En 1632, la ville est assiégée par les Suédois. Elle capitule le 6 janvier 1633. elle est, par la suite plusieurs fois prise et reprise par les belligérants et connaît la dévastation jusqu'à ce que, Louis de Champagne, comte de la Suze, s'en empare au nom du roi de France le 28 juin 1636. Il meurt quelques mois après et son fils Gaspard lui succède comme comte de Belfort. En 1648 le traité de Westphalie entérine l'annexion de Belfort par la France. Gaspard de Champagne ayant embrassé le parti de la Fronde, les troupes royales commandées par le maréchal de La Ferté mettent le siège devant la ville (1653-1654) qui finit par se rendre. Louis XIV reprend la terre de Belfort qu'il donne, en 1659, au cardinal de Mazarin. A la mort du cardinal, elle revient à sa nièce Hortense Mancini puis, par voie de descendance, suite au mariage en 1777 de Louise Victoire d’Aumont, duchesse de Mazarin, avec Honoré IV Grimaldi, elle passe dans les biens de la famille de Monaco où elle demeure jusqu’à la Révolution. Les princes de Monaco portent toujours, parmi leurs titres de noblesse, celui de comtes de Belfort.

 

Face au danger menaçant à l'Est, Louvois dépêche en 1675 Vauban à Belfort afin qu'il envisage la fortification du site. L'ingénieur militaire revient en 1677 et à la fin de 1679, mais ce n'est qu'à la suite de la formation de la Ligue d'Augsbourg, en réaction à la politique expansionniste de Louis XIV, que Louvois lui ordonne de "bien examiner ce qu'il y a à faire à Belfort". En mars 1687, Vauban remet deux mémoires qui décident du nouveau visage de la cité et de son devenir: "Projet pour la fortification de Belfort. Situation de la place et ses défauts" et "Bonnes et mauvaises qualités de Belfort". L'ingénieur militaire trace les fortifications nouvelles en fonction du site dont il juge la situation ingrate en raison du danger présenté par les hauteurs proches. Les travaux commencent immédiatement et sont achevés pour l'essentiel en 1703. La vieille muraille médiévale est abattue et remplacée par une enceinte pentagonale conçu selon le "second système" de Vauban.