DE LA VAPEUR À L'ÉLECTRICITÉ

Il y a 140 ans naissait la S.A.C.M.

Au travers de plus d'un siècle ponctué de conflits, de crises économiques, de bouleversements industriels, l’usine de Belfort a conservé la vocation de ses premières années : la construction de matériels ferroviaires en 1879, puis de matériels électriques à partir de 1888. Mais la mémoire s'efface et, seuls témoins d'un temps révolu, les archives et parfois, quand la chance sourit, quelques machines échappées à la destruction, nous rappellent que les activités présentes sont le fruit d'une longue évolution. Remonter le temps pour mettre face à face passé et présent, tel est le but de cette page. Découverte pour les uns, souvenir pour les autres, ce sera aussi l'occasion d'apprécier la transformation des ateliers et bureaux, des moyens de production, des matériels construits, des métiers, sans oublier les hommes et les femmes sans qui rien n'aurait été possible. 

Avant de franchir la porte de l'usine, tournons-nous vers la ville de Belfort... en 1871...

Les conséquences d'une guerre...

De même que la naissance du Territoire de Belfort, l'implantation à Belfort de la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (aujourd'hui ALSTOM ou GE) est le résultat des événements tragiques qui secouèrent la France lors de la guerre de 1870-1871.

Au terme du Traité de Francfort, le 10 mai 1871, l'Alsace et une partie de la Lorraine furent annexées à l'Allemagne. En revanche Belfort, ville alsacienne du Haut-Rhin, se vit rattachée à la France suite au courage héroïque dont firent preuve, face aux armées assiégeantes, la garnison et l'ensemble de la population belfortaine sous le commandement du Colonel Denfert-Rochereau.

Belfort, pour n'avoir pas capitulé, devint aux yeux de tous les français une ville symbole de la résistance. Ville française et ville frontalière, elle accueillit dès lors bon nombre d'industriels alsaciens qui choisirent, par sentiment patriotique et réalisme économique, de fuir l'autorité allemande.

Les origines de la S.A.C.M.

De toutes les usines qui s'implantèrent à cette époque, c'est sans conteste la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques qui marqua le plus la vie économique belfortaine à partir de 1879.

La S.A.C.M. est née en 1872 de la fusion de deux sociétés, l'une de Mulhouse (Société André Kœchlin), l'autre de Graffenstaden (Société de Graffenstaden).

La plus ancienne de ces deux sociétés fut créée à Mulhouse en 1826 par M. André Kœchlin et elle prit en 1830 la raison sociale André Kœchlin & Cie. La fabrication s'étendait aux diverses machines spéciales de l'industrie textile ainsi qu'aux machines à vapeur et hydrauliques destinées à les actionner et dont l'Alsace était jusqu'alors tributaire de l'Angleterre. La Société André Kœchlin & Cie y ajouta celle des locomotives à vapeur lorsque prit naissance en France l'installation des chemins de fer. C'est en 1838 qu'elle livra sa première locomotive qui fut aussi la première utilisée par le chemin de fer de Mulhouse à Thann, la seconde des lignes installées en France.

L'origine de la Société de Graffenstaden remonte à 1838, époque à laquelle les "Établissements de Constructions Mécaniques de Strasbourg" transférèrent dans cette localité leurs fabrications d'appareils de pesage, de crics et de vérins. En 1841 fut introduite la fabrication des machines-outils pour le travail des métaux, puis celle des outils eux-mêmes : alésoirs, fraises, mèches, taraud, etc… En 1846 l'usine prit officiellement la dénomination de "Société de Graffenstaden". Elle ajouta alors la fabrication des tenders et des roues de locomotives. Enfin, en 1856, commença la construction des locomotives complètes.

L'usine S.A.C.M. de Belfort en 1900

Textes : Fernand Lienhard – Michèle Gauthier - Sophie Chamard et Florence Tournier (Relations Extérieures – Alstom Belfort)