DE LA VAPEUR À L'ÉLECTRICITÉ

Un développement rapide

Ainsi que nous l'avons vu précédemment, l'implantation de la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques à Belfort est l'une des conséquences économiques de la guerre de 1870 et de l'annexion à l'Allemagne d'une partie de l'Alsace-Lorraine. Construite en 1879, l'usine de Belfort devait se développer rapidement et diversifier sa production pour s'adapter aux fluctuations du marché.

 

Implantation et développement de la SACM à Belfort

La création de l'usine fut décidée après l'Exposition Universelle de 1878 et, dès le début de 1879, trente hectares de terrain furent achetés en bordure de la route de Valdoie et du chemin de fer de Paris à Belfort. Mais la Compagnie des Chemins de Fer de l'Est refusa la création d'un embranchement particulier rejoignant la ligne existante. La S.A.C.M. acheta alors d'autres terrains d'une superficie totale de quarante hectares à l'ouest, entre la voie ferrée et Cravanche, là où se trouve actuellement l'usine.

L'établissement de Belfort était principalement destiné au montage et à la finition des locomotives à vapeur dont les pièces essentielles étaient fournies par les usines alsaciennes de la société.  


La fabrication des locomotives à vapeur

C'est en 1880 que démarre cette activité. On avait construit à cet effet le premier atelier. Destiné à la chaudronnerie, il occupait tout un bâtiment où furent installés, au fur et à mesure de l'avancement des travaux, le montage et l'ajustage des locomotives, la trempe, la menuiserie, l'aiguiserie et la fonderie de fonte. Les premiers produits sortis de cet atelier furent des affûts de canon* pour pièces de 120 et 155 courts commandés pour l'armement des forts couvrant la zone stratégique de Belfort. Cette fabrication ne fut que temporaire en attendant que Mulhouse et Graffenstaden approvisionnent Belfort en pièces détachées pour le montage final des premières locomotives qui furent livrées au Chemin de Fer d'Anvin à Calais.

L'effectif total du personnel augmenta très rapidement : 80 personnes en 1880, 520 en juillet 1881 et 981 en décembre 1889. La plus grande partie des ouvriers venait d'Alsace, en particulier des usines de Mulhouse et Graffenstaden, puis, par la suite, de la région de Belfort.

Les commandes de locomotives se multipliaient et des problèmes d'approvisionnement en pièces détachées apparurent. On décida alors d'aménager l'ajustage, le montage, la chaudronnerie et la forge de manière à assurer la fabrication complète des locomotives.

Le 15 février 1881, la première locomotive entièrement construite à Belfort sortait de l'usine. Elle était destinée aux Chemins de Fer de l'Etat Français et portait le nom de Coureix.

La construction des locomotives et tenders s'effectua dès lors sans à-coups à la cadence moyenne de quatre machines par mois jusque vers la fin de l'année 1887 où l'on connut une grande accalmie dans les commandes de matériel ferroviaire. La crise se prolongea jusqu'en 1889.

Le personnel de ce secteur, qui se composait alors de 750 personnes, fut occupé durant cette période à des travaux de grosse construction : transmissions, poulies à gorge, grues, plaques tournantes, changements de voies pour chemins de fer et réparations pour les industriels de la région.

 

Si le chemin de fer était au début de son histoire, il n'en était pas de même de l'industrie textile qui, elle, était en plein développement. Les besoins particuliers du marché français conduisirent la S.A.C.M. à construire, parallèlement aux locomotives dont les commandes diminuaient, certains types de machines pour les filatures et tissages et notamment des peigneuses, des métiers continus à filer et des métiers à tisser. Cette fabrication débuta en 1888 dans les dernières travées ouest de l'atelier des locomotives. L'importance prise rapidement par la fabrication de ces nouveaux matériels exigea la construction de nouveaux bâtiments et l'extension de ceux existant déjà le long de l'avenue des Trois Chênes.

A cette époque les bâtiments sont construits avec charpente de bois et murs de briques revêtus de planches. Certaines de ces constructions existent encore et sont utilisées comme magasins de stockage par TRB. En 1919 cette activité fut transférée à Mulhouse. A ce jour plus rien dans l'usine ne nous rappelle l'existence de ces fabrications.

En 1888, l'établissement de Belfort s'était aussi engagé dans une voie nouvelle, la construction électrique, qui allait connaître un essor spectaculaire et devenir l'une de ses principales activités.

 

* Affût : Support du canon qui sert à le pointer et à le déplacer

Textes : Fernand Lienhard – Michèle Gauthier - Sophie Chamard et Florence Tournier (Relations Extérieures – Alstom Belfort)